Temps de lecture – 7 min
Il est essentiel de comprendre les frais de recouvrement, qu’ils soient directs ou cachés, et de savoir les anticiper et les maîtriser. Entre indemnité forfaitaire, intérêts de retard, honoraires de sociétés spécialisées et coûts invisibles, chaque impayé a un prix — et mieux vaut le connaître pour protéger sa trésorerie et sa rentabilité.
Sommaire
- Qu'appelle-t-on frais de recouvrement?
- Les coûts du recouvrement amiable
- Les coûts du recouvrement judiciaire
- Comment estimer et comptabiliser les frais ?
- Les intérêts de retard
- L’indemnité forfaitaire pour frais de recouvrement
- Frais cachés et solutions pratiques
- Les frais des Commissaire de Justice et des avocats
- Les frais des sociétés de recouvrement
Qu'appelle-t-on "frais de recouvrement"?
Les frais de recouvrement regroupent l’ensemble des dépenses engagées pour obtenir le paiement d’une créance
Lorsqu’une facture dépasse sa date d’échéance sans paiement, elle devient un impayé. Cette situation peut compromettre la trésorerie de votre entreprise. Pour récupérer les montants dus, deux approches sont possibles : le recouvrement amiable ou le recouvrement judiciaire. Ces démarches entraînent des coûts tant pour le débiteur que pour le créancier que nous allons détailler pour mieux comprendre et gérer les frais de recouvrement en 2025.
Les coûts du recouvrement amiable
De quoi parle-t-on quand on évoque « les coûts » du recouvrement?
Le recouvrement amiable vise à maintenir de bonnes relations commerciales tout en obtenant le règlement de la dette. Il peut inclure :
-
- L’envoi de courriers simples
- L’envoi de courriers recommandés ou de mises en demeure ;
-
- L’envoi de mails ou sms
-
- Le temps passé pour la négociation et le recherche d’une solution avec le mauvais payeur
-
- Les honoraires d’une société de recouvrement si celle-ci est mandatée.
- Le stress
-
- Le risque client
-
- Le risque d’image
- le risque juridique
Dans cette phase, les frais sont à la charge du créancier, mais leur montant reste généralement limité.
Les coûts du recouvrement judiciaire
Si les tentatives amiables échouent, une procédure judiciaire peut être nécessaire. Celle-ci vise à obtenir un titre exécutoire permettant de forcer le débiteur à payer. Les frais comprennent :
-
- Les honoraires des commissaires de justice
- Les honoraires des avocats
- Les coûts des actes juridiques et de la délivrance du titre exécutoire.
Ces frais peuvent être imputés au débiteur une fois la décision judiciaire obtenue.
Comment estimer et comptabiliser les frais ?
Estimer les frais de recouvrement à l’avance, c’est avant tout transformer un risque caché en un coût maîtrisé. Trop d’entreprises découvrent le montant réel de leurs pertes après coup, une fois que la trésorerie est déjà fragilisée. Pourtant, il est possible — et même indispensable — d’en faire une évaluation prévisionnelle, au même titre que les marges ou les charges fixes.
1. Identifier les coûts directs prévisibles
Certains frais peuvent être anticipés dès l’émission de la facture :
-
Honoraires externes : si l’entreprise prévoit de recourir à un cabinet de recouvrement ou à un avocat, elle peut estimer un pourcentage moyen de commission (souvent entre 8 % et 20 % du montant récupéré).
Exemple : pour une facture moyenne de 5 000 €, un coût probable de 500 € peut être intégré au risque client.
-
Frais postaux, relances, téléphone : même en interne, chaque relance a un coût. En comptabilité analytique, on estime souvent entre 5 et 15 € par relance selon le canal et le temps passé.
Exemple : trois relances par mail et une par téléphone pour un impayé peuvent représenter environ 40 € de frais réels.
2. Valoriser le temps passé en interne
Le coût le plus sous-estimé reste le temps humain.
Chaque minute passée à relancer un client est une minute non consacrée à la création de valeur.
Une méthode simple consiste à multiplier le coût horaire moyen d’un collaborateur (charges comprises) par le temps total passé à gérer un impayé moyen. Exemple : un comptable à 35 €/h passe 1h30 sur un dossier : cela représente déjà 52,50 € de coût interne.
À grande échelle, ce poste peut représenter plusieurs milliers d’euros par an pour une PME.
3. Intégrer le risque client dans la politique tarifaire
Une entreprise prudente inclut toujours une provision pour risque d’impayé dans sa marge.
Cela permet d’amortir les coûts futurs liés au recouvrement. Exemple : un taux d’impayés constaté à 2 % du chiffre d’affaires peut justifier une marge légèrement majorée ou une sélection plus stricte des clients à risque.
4. Évaluer les coûts “intangibles”
Certains coûts ne se traduisent pas immédiatement en euros, mais leur impact est réel :
-
Perte de confiance du client après des relances trop insistantes,
-
Atteinte à l’image (surtout en BtoB local),
-
Stress et démotivation des équipes,
-
Blocage de trésorerie (effet boule de neige sur les paiements fournisseurs ou les salaires).
Exemple : une TPE attend le paiement d’un gros client pour régler ses charges sociales. Un retard de 30 jours oblige le dirigeant à retarder ses propres paiements, générant pénalités et angoisse.
5. Mettre en place un indicateur de “coût moyen du recouvrement”
Enfin, la meilleure manière de prévoir les frais futurs est d’analyser les données passées.
En calculant le coût moyen d’un recouvrement réussi et celui d’un recouvrement échoué, on obtient une base chiffrée solide. Exemple : sur 10 dossiers impayés traités l’an dernier, une PME a dépensé 2 000 € pour en récupérer 8. Le coût moyen par dossier récupéré est donc de 250 €, à intégrer comme “coût de risque client”.
Les intérêts de retard
Les intérêts de retard en BtoB :
Les intérêts de retard sont une sanction financière légale appliquée automatiquement lorsque le paiement d’une facture entre professionnels (BtoB) est effectué après la date d’échéance.
Ils sont prévus par l’article
, et leur objectif est de compenser le préjudice subi par le fournisseur du fait du retard.
Calcul et taux
-
Le taux d’intérêt applicable est celui prévu dans les conditions générales de vente (CGV).
- Il ne peut toutefois pas être inférieur à 3 fois le taux d’intérêt légal
-
À défaut de mention, le taux légal s’applique, calculé à partir du taux directeur de la Banque centrale européenne majoré de 10 points.
-
Les intérêts courent de plein droit, sans mise en demeure nécessaire.
👉 Exemple concret : une facture de 5 000 € est payable à 30 jours. Le client paie 20 jours après l’échéance. Avec un taux de retard de 10 %/an, l’entreprise peut réclamer environ 14 € d’intérêts pour ces 20 jours de retard.
Nous vous invitons à lire cet excellent article sur le calcul des intérêts
Les intérêts de retard en BtoC :
En BtoC c’est assez… simple… L’article L1231-6 du Code civil prévoit clairement le cas :
Les dommages et intérêts dus à raison du retard dans le paiement d’une obligation de somme d’argent consistent dans l’intérêt au taux légal, à compter de la mise en demeure.
Ces dommages et intérêts sont dus sans que le créancier soit tenu de justifier d’aucune perte.
Le créancier auquel son débiteur en retard a causé, par sa mauvaise foi, un préjudice indépendant de ce retard, peut obtenir des dommages et intérêts distincts de l’intérêt moratoire.
L’indemnité forfaitaire pour frais de recouvrement
Depuis le 1er janvier 2013, toute facture entre professionnels (BtoB) doit mentionner une indemnité forfaitaire de 40 € due en cas de retard de paiement.
Ce dispositif est prévu à l’article L441-10, II du Code de commerce.
Concrètement, dès qu’un client professionnel dépasse la date d’échéance de sa facture, le fournisseur peut réclamer :
-
les pénalités de retard prévues dans les CGV,
-
et cette indemnité fixe de 40 €, automatiquement exigible, sans mise en demeure préalable.
👉 Exemple : une entreprise livre un client le 1er juin, facture payable à 30 jours. Si le paiement arrive le 10 juillet, elle peut réclamer les pénalités de retard + 40 € d’indemnité forfaitaire.
Cette somme vise à compenser les frais administratifs de relance (temps passé, appels, courriers…).
Elle est cumulable avec d’éventuels frais réels de recouvrement si ceux-ci dépassent 40 €, à condition qu’ils soient justifiés.
⚠️ Elle ne s’applique qu’entre professionnels : pas en BtoC (clients particuliers).
Frais cachés et solutions pratiques
Au-delà des dépenses visibles, le recouvrement génère de nombreux coûts indirects souvent ignorés :
le temps passé à relancer les clients, l’énergie mobilisée, le stress des équipes, la tension commerciale ou même la perte du client débiteur.
👉 Exemple : un dirigeant consacre deux heures par semaine à gérer ses impayés — soit plus de 100 heures par an de temps non productif.
Ces frais ne figurent sur aucune facture, mais ils pèsent lourd sur la rentabilité, la motivation et la relation client.
Les identifier, c’est déjà commencer à reprendre le contrôle de sa trésorerie.
Les frais des Commissaire de Justice et des avocats
Lorsqu’un impayé nécessite une action judiciaire, le créancier doit souvent faire appel à un avocat ou à un commissaire de justice (anciennement huissier).
Leurs frais varient selon la nature et la complexité du dossier.
FRAIS AVOCAT : En cas de procédure plus longue ou de contestation, les honoraires d’avocat peuvent atteindre 500 à 4500 € ou plus.
FRAIS COMMISSAIRE DE JUSTICE : une injonction de payer coûte entre 100 et 250 €, frais de greffe et signification compris. Une saisie sur les comptes bancaires coute entre 150 et 500€
Ces montants sont en principe à la charge du créancier, mais peuvent être partiellement remboursés par le débiteur si le juge le condamne à payer une indemnité au titre de l’article 700 du Code de procédure civile et des dépens.
D’où l’intérêt de toujours évaluer le rapport coût/bénéfice avant d’engager une procédure judiciaire.
Les frais des sociétés de recouvrement
Les sociétés de recouvrement facturent leurs services selon des modalités variables, le plus souvent au résultat (success fee), avec une commission comprise entre 8 % et 20 % des sommes récupérées. Certaines ajoutent un forfait d’ouverture de dossier (20 à 300 €) ou des frais judiciaires en cas de procédure (huissier, greffe, avocat).
👉 Exemple : pour une facture de 5 000 € recouvrée à l’amiable, la société pourra retenir environ 400 à 600 € de commission.
Ces frais restent généralement à la charge du créancier, sauf clause contraire ou accord avec le débiteur. D’où l’importance d’anticiper ce coût et de privilégier les solutions amiables rapides avant d’en arriver là.
Si vous avez des questions ou souhaitez approfondir ce sujet, n’hésitez pas à nous contacter